à propos de


 lumière native
du papier
silence ébloui
               à la Verticale
de l'Intime

fruits de chute
dans l'ébruitement resaisis
d'un encorbellement
                d'Eté

rumeur colorée
qui s'arrondit et
s'ovalise

fruits andalous
               d'Amours tranchées
de grenaille à vif
entre les cloisons

duvets et soies
pour la saison
              Reflets encore

tandis que murmurent et
s'allongent
les ombres vespérales

                            Claude BARRERE  pour Agnès Charve, Estivales Lagorre 2013
août 2013










"Nature morte". voilà une convention de langage dans l'histoire de l'art qui a tout d'une antinomie! Les oiseaux qui picoraient les raisins de Zeuxis le comprirent bien vite. La vie charnelle anime souvent ce genre bien mal nommé.
Agnès Charve est justement de ces peintres qui donne vie à ce qu'elle capture de notre quotidien. Sous la simplicité, la familiarité des thèmes, se dissimule puis se livre une vie en mouvement perpétuel.Comme chez Chardin. Comme les paysages de son arrière-grand-père, le peintre Louis Charve.
La répétition, la série - fruit, ciel ,arbre - ne sont en fait qu'un unique sujet, mais où se pose un regard différent. Changer en restant le même: c'est une idée simple du vivant, de la "nature vivante".
Autodidacte, elle a gardé de son passé de danseuse le mouvement. Un paradoxe pour ces natures dites mortes? Bien au contraire.
Autodidacte c'est apprendre par soi-même. Ce qui ne veut pas dire cesser d'apprendre. Agnès Charve a appris et apprend encore à regarder ces fruits, ces ciels, ces arbres pour mieux les saisir.
Ainsi a évolué sa technique- principalement à l'huile et à la gouache- qui d'un traitement narratif et réaliste, glisse aussi doucement que la vie elle-même, vers plus de suggestion. Et l'économie de moyen de ce peintre souligne plus encore cette expression vitale. Et au delà de la vie elle-même, il y a l'âme qu'Agnès Charve parvient à saisir également avec une rare délicatesse.

Didier Poitrenaud- Editeur